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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/58

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une heureuse escalade et se mit à plonger des bouteilles dans l’eau pour le coup du retour. J’avais beau me dire qu’il s’agissait maintenant d’une excursion agréable, non d’une conquête, j’étais tout désespéré d’avance. Je ne distinguais plus la roche féodale derrière les rochers ordinaires, qui me la masquaient, le silence du hameau me poignait, j’étais nerveux. Ce mirage romantique de la veille se transformait en un guet-apens ridicule, et je vibrais comme déjà victime d’une redoutable injustice. Téard, philosophiquement, me fit observer que nos guêtres étaient solides, me pria de m’armer de patience à cause des ronciers inextricables qu’il nous faudrait franchir :

« Vous l’aurez voulu ! » appuya-t-il.

Se diriger en droite ligne vers le château me paraissait un assaut enfantin ; mais, de minute en minute, cela devint tout un plan de bataille sérieuse. On déviait, malgré soi. On reculait devant les fossés remplis de