Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/75

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grand crime. Dieu, ayez compassion ! Quel supplice inventerez-vous plus fort que son mépris ! J’ai parcouru des routes, j’ai eu faim et j’ai eu l’envie pressante de brouter l’herbe fleurie entre les jambes des bœufs. À l’extrémité du chemin, j’ai bu, comme les autres ; on m’a demandé de l’argent et j’ai mendié. J’ai même appris à faire le chien, à ramper, à tirer des sons rauques de ma gorge séchée par la soif. J’ai mordu… puis j’ai rencontré cette fille qui m’a caressé ; ma seule minute de joie, elle la détient dans les plis secrets de sa jupe de flamme, et mon pire tourment est encore de l’avoir connue ! Vous saisissez, Dieu très intelligent, j’ai besoin de vos diamants… C’est chez vous qu’on en voit le plus… (Il lève les bras.)

un écho : Plus !

le maudit : Seigneur ! Il faut me les donner de bonne volonté. Vous n’en faites rien. (S’attendrissant.) Et elle, c’est un enfant qui ne peut rire sans un jouet. (Il s’impatiente.)