Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/88

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s’entrechoquaient mélodieusement. Ensuite venait un groupe plus jeune composé de ceux que dirigeait Phaleg, un géant presque nu, sans poil, d’une chair unie comme un marbre veiné de rose, avec une barbe d’un roux brutal : celui-là portait sur sa tête une pyramide de corbeilles d’osier où l’on avait mis des gâteaux de froment. À une distance respectueuse, les adolescents se jouaient, vêtus de robes courtes, de ceintures ornées de broderies bizarres, et ils rejetaient leurs abondantes chevelures en arrière, leurs chevelures blondes comme des toisons de femmes. Le plus beau d’entre eux, un enfant à la bouche pourprée, aux prunelles violettes, d’une couleur dérobée au mystère des horizons, s’appelait Sinéus, et naïvement il avait festonné de fleurs son étroite jupe de peau d’agneau. Quand il entra dans la vigne, des abeilles, se détachant des grappes, butinèrent sur son épaule, des abeilles qui, le prenant pour un rayon de miel, tant il était blond,