Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/104

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Des fleurs, des lingeries légères couvraient le sol de leur virginal abandon, et l’eau dont on aspergeait les guirlandes semblait exhaler une senteur mielleuse.

Marguerite Davenel formait le centre du groupe, vêtue d’une blouse de batiste garnie de malines, la taille serrée par un étroit corselet de satin vert, une boucle d’or lui liant les cheveux sur la nuque, toute prête à recevoir son monde dès le matin puisque c’était sa fête à elle — Sainte-Marguerite, le 19 juillet — le même jour que la réception du ministre de l’Agriculture. Elle n’était plus qu’une Marguerite blanche et blonde, simple et rayonnante, au cœur d’or comme les autres, mais sûrement la plus fraîche du tas, car personne, chuchotait-on, ne viendrait la cueillir pour la jeter brutalement dans les entrelacs si compliqués du mariage. Debout, s’agitant, s’animant, ordonnant le joli désordre, on l’entendait crier :

— Il faut tresser à douze brins ! Que la guirlande du milieu soit grosse, très grosse ! Voyons, Lucie, Jeanne, Clémence… de votre coin cela ne fournit pas assez. Ajoutez-moi des touffes par ici, et par là, rattachez le feston sous un bouquet. Il ne manque pas de fleurs, cependant.