Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/115

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siré devenir bergère. Être, avant tout, autre chose et cesser de canaliser sous les fleurs de son apparente banalité les pires égouts de son cerveau.

Ce jour de fête, elle se sentait extrêmement prête. Sa beauté s’en exaspérait. Un matin pareil, elle fuirait, elle se sauverait emportant ses bijoux et son argent, elle s’en irait pour cacher son nom et travailler à n’importe quoi chez n’importe qui. Elle enviait souvent sa propre femme de chambre, Pauline, cette fille si vulgaire dont les hommes avaient librement tâté, prétendait-on. Qui pourrait librement tâter d’une fille comme il faut ? Épouser un bourgeois de son rang… l’ingénieur, par exemple, qui était venu visiter les tuyaux des dessous ? Non ! Cela, jamais ! Mieux valait fuir ou sécher sur pied ! Princesse… ou rien.

Elle donna les clés de la lingerie et déroula de ses mains expertes le service damassé : les églantines, toujours employé pour la circonstance.

Un peu avant midi, le Decauville amena, au son de la fanfare de Flachère, une vingtaine de messieurs en habits noirs sous de légers pardessus d’été, des cache-poussière clairs de coupe anglaise. Le ministre était en chapeau de paille (innovation charmante). M. Davenel, en chapeau