Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/140

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ral… puisque tous les vagabonds ne peuvent pas en avoir !

— Je voulais prouver à mes domestiques, justement, qu’il n’est pas dangereux.

— Allons donc ! donne-lui l’entrée de la maison et il viendra tâter notre coffre-fort… s’il ne tâte pas mieux… Je te répète que ce monde-là ça se parque. Nul n’est plus généreux que moi au point de vue des idées… Seulement je ne discute pas les actes possibles, je les empêche de se produire. Je ne veux plus admettre ce monsieur à ma table. Nous ne sommes pas de la même espèce.

— Mais, papa, fit Marguerite, s’asseyant en haut de l’échelle de la bibliothèque, à quoi ça sert-il d’être en république s’il y a toujours des différences ? Voici un homme aussi instruit que nous, de la même éducation et qui pas plus que nous ne veut travailler la terre. Cela me semble naturel. L’ouvrier paysan, c’est l’éternel domestique. Ce garçon-là ferait un comptable ou un secrétaire passable, peut-être un journaliste, et il deviendrait député, ministre comme M. Garaud ; mais botteler du foin ou bêcher des betteraves !… Où ça le mènerait-il ?

— Pour arriver, on doit tout essayer. On