Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/16

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La collection des roses de Flachère était une chose unique dans le monde entier. Chaque rosier possédait son tuteur de bois injecté au sulfate pour le garantir des pucerons, numéroté, étiqueté. Il n’y avait point chez eux d’artiste imprévoyant pour laisser les branches s’enguirlander à l’aventure et perdre toute la sève de l’espèce en mariages d’inclination. Dieu merci, les rosiers poussaient droits, fiers de leurs noms baroques, s’arrondissant en choux qu’on émondait tous les matins. Dans les choux verts pointaient des boutons, comme des épingles de verroterie sur une pelote, puis s’épanouissaient les roses, une à une, en danseuses qui défripent leurs jupes de mousseline sous les regards calmes d’un metteur en scène.

La moitié de la grande circonférence des fleurs était occupée par les roses. Cela représentait bien cinq cent quarante-deux variétés, depuis l’églantine à cœur modestement pâle, comme les joues de Marguerite, jusqu’au prince chinois, Li-Pé-ho, dernière variété d’une espèce à feuilles jaunes tigrées de brun, ressemblant aux pompons tout à fait contre nature qu’on fabrique pour ornement d’église.

Têtes dressées, en faux-cols, au port d’armes,