Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/160

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— Tu sais, Ful, ne te lance pas. J’ai un peu perdu l’habitude d’entendre dire des saletés, depuis le collège.

— As-tu gardé celle d’en faire, mon vieux ?

Marcus se leva. Son sourcil, semblant délicatement peint au kol, se contracta comme une petite sangsue sur laquelle on aurait versé du vinaigre.

— Ful… dois-je m’en aller ?

— Pas tant qu’il neige. Tu mouillerais tes belles bottines. Étrange idée de venir ici, en décembre (et il appuya), en décembre, avec des souliers vernis. On dirait que tu n’en as qu’une paire…

Marcus essaya de rire :

— Ce cynique Ful. Il sait son monde. Veux-tu que nous changions ?

Ful regarda piteusement ses souliers éculés où son pied cambré, très fin, jouait à l’aise et sans chaussette.

— Inutile, fit-il, j’ai le pied plus maigre que le tien, et puis ça chagrinerait mon frère Jésus-Christ. Il marchait pieds nus, quoique innocent. Moi qui suis coupable, j’ai droit à mes mauvais souliers.

— Alors, dit Marcus décidé à tout supporter