Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/18

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ble, jouant du piano ce qu’il faut pour ne plus assommer personne en apprenant des morceaux trop difficiles, et allant quelquefois aux grand’ messes pour y conduire des domestiques arriérés. Quand elle était saisie d’une vague inquiétude religieuse, elle contemplait ce clocher et elle se hâtait de le trouver minuscule, ridicule dans l’immensité de la nature, par rapport aux hangars — les vastes charpentes de fer démontables — qui, chez eux, protégeaient la paille et le foin, tout en symbolisant le progrès.

Du cercle des rosiers, s’élargissant à l’infini dans le cercle des champs devenus vaporeux, on entendait monter des soupirs, un bourdonnement confus de têtes qui s’inclinent pour s’endormir, si lasses de s’être tenues droites tout un jour. Les fleurs s’effaçaient les unes après les autres, les escadrons blancs demeurant les derniers visibles, rayant encore l’ombre d’éclairs fugitifs, puis toutes les nuances sombrèrent dans un demi-deuil violet où les plus belles ne formaient plus que des taches noires.

En haut, le ciel resté lumineux, posé sur des collines obscures, prenait une teinte de cristal mauve, d’une transparence fragile, le couvercle de verre du prestidigitateur sous lequel un