Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/183

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de cycliste (nécessaire dans ce pays pour enjamber les flaques), chaussé de souliers anglais, la barbe faite, les cheveux peignés, l’air humilié d’un prince qui gagne cinquante francs par mois, dirigeait ces deux fantoches sur le sentier de la vertu administrative, mais ne pouvait déjà plus supporter leur contact. Il les avait d’abord éblouis en faisant à lui seul l’ouvrage de trois personnes, puis, devant leur mine de confusion, il s’était rangé, pensant bien qu’il s’attirerait de sournois désagréments s’il persévérait dans ce système de zélateur. Lui, l’assassin, n’était pas là pour s’amuser à travailler comme un honnête homme ! Parvenu à la médiocrité, ce luxe des indigents, il devrait cultiver son petit coin de fumier sous l’attention du jardinier en chef. M. Davenel aurait eu peur d’un comptable de génie et il ne fallait pas que le père eût peur de l’amoureux de la fille.

Amoureux ? Fulbert était-il amoureux ? Il n’en savait plus rien lui-même. Les dessous de son amour l’inquiétaient comme le troublaient les dessous de Flachère. Après le louis de Marcus, il mangeait un pain encore plus douteux, d’un goût si fade et si peu en rapport avec son palais de carnassier qu’il se retenait la poitrine à deux