Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/192

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lui, à le demander en mariage, tous rôles renversés. Il savait au juste qu’il pouvait faire sa fortune chez le père Davenel rien qu’en donnant un coup d’épaule dans quelques barrières. Les ingénieurs n’avaient pas dit leur dernier mot et les épandages lancé leurs derniers hoquets. Mais l’épouserait-il avant qu’elle fût sa maîtresse ou après ? Serait-il aimé pour lui ou pour sa sombre couronne de prince de l’aventure ? N’ayant jamais connu de vierge, il s’arrêtait au bord de ce joli précipice dissimulé sous les glaces, et il y a des gens qui n’aiment pas à briser la glace en ces sortes d’affaires !

Oui, elle était scrupuleusement honnête, et cependant quelle singulière vertu, à la fois plus mystérieuse que celle des trop fameuses demi-vierges (autre produit des civilisations modernes !) et plus solide que celle des jeunes filles banales. Elle calculait comme le comptable Jacqueloir. « Tant d’obus et tant de kilogrammes de poudre perdus ! » « Tant de baisers sur les cheveux, tant de plaisir gaspillé… car on ne s’aimait bien qu’à se raconter des histoires, se confier des secrets, triturer l’ordure de l’amour des autres ! »

— Vous me prenez pour le Bottin de la galan-