Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/243

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sa sœur dans ses confidences les plus intimes. D’ailleurs, il ne parlait jamais de sa famille, il s’était déclaré très nettement orphelin.

Marguerite se sentait tellement bouleversée par cette nouvelle qu’elle demanda la permission de ne pas servir le café. Elle grimpa chez elle, sautant de marche en marche, une sorte de vertige la faisant se balancer sur elle-même comme une femme s’inclinant sous l’effort d’un vent furieux.

Ah ! il avait une sœur ?…

Était-ce vrai, était-ce faux ?… Son père ne voyait rien, ni vérité, ni mensonge. Il n’avait probablement pas plus compris l’histoire de la sœur contée par des employés que l’histoire de sa migraine du dessert causée par le temps orageux de cette matinée de juin si suffocante. Et elle se remit à tourner autour de sa cage, se rongeant les ongles. Une sœur. Il devait habiter Salons-Laffitte, avoir quitté sa cabane de la lisière du bois.

Enfin pourquoi n’irait-elle pas voir de ses yeux cette sœur, si elle existait, et qui, si elle représentait une parente ayant eu pitié, pouvait bien demeurer chez lui, s’être installée dans sa cabane d’ermite ?

Ah ! l’atmosphère était étouffante ! Elle atten-