Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/257

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— Enfin, je vais parler à mon père dès ce soir, Mademoiselle, reprit Marguerite, s’efforçant de rompre un silence qui la gênait singulièrement. Est-ce que vous savez de quelle façon brusque M. Fulbert nous a quittés ?

— Je ne sais rien, laissa tomber Flora lentement, les mains jointes sur son ouvrage, rien, rien, mais… il y a des choses que je devine. Ceux qui peuvent s’en aller d’un moment à l’autre voient à travers les murs et, je vous le répète, je ne suis pas venue ici pour du désordre. À quoi cela nous servirait à tous ?… Je vais vous dire ce qui doit arriver, si vous êtes vraiment bonne et que vous ayez de l’affection pour quelqu’un… (Sa voix chantante, qui sombrait dans une morne résignation, eut un petit râle de bête à l’agonie.) Écoutez-moi ! Oubliez qui je peux être. Il faut que vous m’écoutiez comme si j’étais déjà dans la fosse… Mon frère n’a pas d’autre crime que moi sur la conscience… les crimes d’amour, ça compte si peu ! Je veux dire qu’il a une sœur qui est une fille… comprenez-vous ? J’aime mieux vous apprendre ça moi-même. Il ne faut pas le maudire pour cela, mademoiselle Marguerite. Je m’en irai dès demain pour ne pas crever chez lui, chez vous. C’est bien décidé au fond de moi, mais