Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peuple. Sans compter que les ouvriers de chez nous ne se gênent pas. On a beau leur en donner dans la saison, c’est des primeurs qu’ils veulent, comme nous, et cette année ces chiperies-là comptent double parce que tout Flachère est en retard.

Marguerite insista :

— On pourrait voir les cerisiers de la galerie neuve. Ce n’est pas très loin.

— Mon Dieu, si tu en as une pareille envie, vas-y toi-même ce soir ; seulement, n’emmène personne avec toi, c’est toujours l’occasion, pour les domestiques, d’abuser de la circonstance.

Comme il achevait son aile de poulet, on lui apporta de tendres haricots verts. Il en offrit à Marguerite. Celle-ci mettait son chapeau par habitude, bien qu’il fit presque nuit dehors.

— Tes haricots seront froids ! conclut le père, dogmatique.

— Je t’en prie, papa, ne grogne plus. Je connais mes arbres.

Le père saisit un journal qui traînait sur une des petites chaises d’asperge, et, résigné, se mit à lire.

Marguerite descendit le perron de la maison hollandaise, un panier au bras ; elle prit un des