Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

leur étendue. Ces treillages défendaient des arbres fruitiers en quenouilles hérissés d’étiquettes : poiriers, abricotiers, pommiers, et des cerisiers nains, quelques-uns coiffés de cloches de canevas, toute une pépinière branchée en berceaux, en volants, en raquettes, en ifs, ces derniers arbustes ressemblant assez à des ornements de nécropole. Il y en avait même de si petits, de si bas, et de si régulièrement taillés qu’ils ne devaient pouvoir abriter que des fœtus.

Ce clos était le plus estimé de Flachère.

Malheureusement, il se trouvait en dehors de toute surveillance.

Marguerite mit sa clé dans la porte de fil de fer qui vibra comme une harpe.

Au milieu de ce verger modèle, parmi les poiriers en quenouilles et les cerisiers nains, elle aperçut un homme tout noir dans le crépuscule violet.

— Que je suis sotte, pensa-t-elle, ce n’est pas un homme, c’est un épouvantail. On a fabriqué ce mannequin pour éloigner les oiseaux.

Le mannequin vira, lentement, selon le vent du soir, et, alors, Marguerite put voir, d’une façon très distincte, que cet épouvantail mangeait les cerises.