Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/52

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certaine éducation, on le sentait à ses tournures de phrases, mais on ne pouvait le classer dans aucune catégorie de pauvres diables. Ses vêtements couleur de suie l’habillaient d’une nuée d’orage à la fois boueuse et menaçante. Il était hardi de regard et vieux de bouche. Sa voix, aux intonations dures, sonnait, paraissait sortir d’un gosier de métal. Tous ses gestes avaient la souple précision des mouvements d’une bête dangereuse.

— Réfléchissez, mon garçon, dit le père de Marguerite humilié par l’orgueil incompréhensible de ce voleur. Vous avez, décidément, un air qui ne me plaît pas.

L’épouvantail s’arrêta et sortit un objet de sa poche, un objet brillant. Davenel, songeant à la possibilité d’un revolver, se glissa derrière lui, la main haute. Il s’aperçut qu’il tenait un petit miroir.

— Il est fou ! Cela crève les yeux, pensa Davenel respirant.

Par hasard, l’épouvantail leva les siens.

— Non, répliqua-t-il laconiquement, mais je constate qu’en effet j’ai un drôle d’air.

Davenel recula un peu. Il eut un léger tressaillement, à peine l’impression d’une aile de chauve-souris le frôlant, et il murmura, très bas, puis-