Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/97

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Nous avons lu les journaux depuis un mois… et…

L’homme sombre tressaillit, dressa un visage anxieux au-dessus des herbes, parut verdâtre :

— Les journaux ! fit-il d’une voix brève. Alors que savez-vous ?

— Oh ! rien, presque rien. Sinon qu’un jeune homme, grand, maigre, aux yeux très noirs, a jeté une bombe, qui n’a pas éclaté, sous le porche d’une église où il n’y avait, du reste, personne. Mon père pense que c’est vous, car on n’a pas retrouvé ce jeune homme.

L’anarchiste retomba de tout son long, riant de son rire en bruit de crécelle.

— Voilà une belle découverte. Je dois avoir la police à mes trousses.

Et il s’étendit beaucoup plus à son aise.

— Écoutez-moi, continua-t-elle d’un ton mesuré, plein de bienveillance, nous ne savons rien encore de précis et cela me permet de vous faire signe. Quand nous saurons exactement votre histoire, il faudra vous dénoncer, ce sera très ennuyeux. D’un autre côté, on ne peut guère vous donner asile dans un… jardin du gouvernement, une propriété nationale ! Et puis nous devons recevoir la visite du ministre de l’Agriculture, le