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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/104

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n’avait pas le téléphone dans sa maison datant de Philippe-Auguste.

Le modèle était parti, le frère n’était pas encore revenu, lorsque M. de Pontcroix pénétra chez elle comme chez lui, la brave Ermance ne l’ayant pas accompagné, pensant qu’il connaissait le chemin.

— Marie Faneau, voulez-vous me pardonner ?

Très grave et très hautain, il avait plutôt l’air d’exiger des excuses.

Marie se hâta de relever l’abat-jour de sa lampe, une lampe trop intime, de raviver les braises du feu mourant et de… renvoyer Fanette.

— Monsieur, dit-elle le plus froidement possible, je suis étonnée de vous revoir ici. J’ai horreur des comédiens. J’ai surtout assez le respect de mon nom pour ne pas permettre qu’on se moque de moi. Nous n’avons plus rien à nous dire : vous mentez trop aisément.

— Non, puisque je ne vous ai pas dit ce fameux mot qui donne des illusions dangereuses à toutes les femmes. Je ne vous ai pas encore menti, mademoiselle, puisque je ne vous ai pas encore joué la comédie de l’amour.

Alors, Marie Faneau, qui depuis longtemps contenait sa souffrance avec tout le noble cou-