Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/111

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— Vous l’avez donc tuée ? balbutia-t-il épouvanté.

— Non vraiment, pas encore, cher monsieur ! Comme vous exagérez et quel indiscret vous faites ! Votre façon de lui apprendre des propos d’atelier sur mon compte motiverait seule sa défaillance. Elle vous dira elle-même qu’elle accepte de devenir ma femme. Je suis tout à fait incapable de manquer de respect à celle qui a le beau courage de m’aimer et qui est devenue la fiancée du marquis de Pontcroix. Je vais demander la fidèle Ermance, n’est-ce pas ?

Et il partit conservant sa glaciale, son incorruptible politesse.

— Michel, dit Marie ouvrant les yeux en respirant péniblement, je n’ai à rougir ni devant toi, ni devant lui, seulement, regarde mes mains !

Elle plaça dans les siennes ses doigts bleuis qu’elle remuait difficilement, tout engourdis encore de la dure pression à laquelle on les avait soumis.

— Ah ! le misérable ! C’est ça qu’il appelle : accorder une main… et tu aimes ce Monsieur, tu veux l’épouser ?

Assise sur le divan, les prunelles dures, fixes, comme une hypnotisée, elle répéta :