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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/127

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— Vous vous trompez ! dit tranquillement Marie Faneau. J’adore les contes de fées tout autant que j’aime les belles images et je n’ai peur de rien.

Ses yeux, largement ouverts, regardaient en face l’homme qu’elle aimait et qu’elle ne comprenait pas. Il représentait bien la seule énigme de sa vie, jusqu’à ce jour si pleine de son grand labeur d’artiste. À trop peindre les apparences avait-elle perdu son temps ? Et n’aurait-il pas mieux valu faire comme les autres femmes, vivre pour ou par l’amour ? Que savait-elle qui pouvait l’initier au mystère d’un homme l’aimant au point de lui tout offrir : nom, fortune, grands cadeaux et petits soins, tout, sauf le très doux baiser sur le front que la plus ingénue des fiancées est en droit d’attendre du plus respectueux des futurs époux ? Et cependant il devait l’aimer terriblement, si elle en jugeait par sa jalousie sans cesse en éveil !

— On se demande pourquoi les femmes préfèrent les histoires de l’autre monde aux plaisirs de celui-ci, interjeta Michel, qui buvait sa cinquième coupe de champagne dans la béatitude d’un garçon très sage. Elles ne sont pas logiques. Si elles ne croient plus en Dieu, pour-