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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/140

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Se raidissant, craintive, contre son enlacement impérieux, elle questionna :

— Cette légende… Où l’avez-vous lue ?

— Elle n’existe pas, pour la seconde partie. La Bretagne ne connaît pas les secrets des hypogées de l’Inde.

— C’est affreux ! Vous y croyez, vous, aux vampires ?

Elle se raidissait de plus en plus, prise d’une insurmontable horreur et cependant attirée, magnétisée. Pour toute réponse, le marquis de Pontcroix se pencha sur son cou ; là, derrière l’oreille rose, sur cette chair fine comme les pétales des fleurs de la corbeille, il mit les lèvres et, sous le baiser brutal, odieux, le sang jaillit, deux gouttelettes pourpres de l’exacte nuance du rubis de la bague des fiançailles.

Michel surgit entre eux, les sépara :

— Monsieur, fit-il, crispant les poings, votre voiture est en bas. Tous mes nouveaux compliments pour l’histoire du vampire. C’est furieusement Grand Guignol ; seulement, pour employer une expression de notre chère Ermance, ça se passera comme ça, dans la vie, quand les poules auront des dents ! Au moins pourront-elles se défendre !…