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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/156

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un album de collection absolument comme si elle eût eu le plus pressant besoin d’argent.

D’autre part, les couturières, les modistes, les marchands de meubles, les bijoutiers en renom venaient, dès son petit lever, l’assurer de leur bonne volonté à recevoir ses ordres et elle était souvent obligée de calmer les colères de la pauvre Ermance, personne économe, qui criait, en bas, de sa cuisine :

— Quand on vous dit qu’on n’a plus besoin de rien ! Vous nous mangeriez le vert et le sec, vous autres.

Ah ! si Marie avait pu recevoir la visite du marchand d’oubli et lui en acheter pour le restant de ses jours !…

Ce fut un soir, devant le pastel achevé péniblement et dont elle était mécontente, qu’elle se mit à pleurer, l’orage crevant en elle, la livrant sans défense à toutes les hallucinations d’un cerveau surmené.

Son frère, debout, derrière elle, comprit qu’il leur fallait enfin se confier l’un à l’autre, s’expliquer :

— Marianeau, murmura-t-il très ému, j’attendais ça. Rends-moi cette justice ; je n’ai pas provoqué l’explosion, mais j’en suis content,