Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/174

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— De ses largesses, car, enfin, je ne suis pas encore sa femme et nous vivons sur un tel pied que c’est tout comme. J’ai horreur de porter des vêtements qui ne m’appartiennent pas. C’est terriblement lourd…

— Pour qui veux-tu qu’il dépense son argent, sinon pour celle qu’il aime ? Ne sommes-nous pas toute sa famille ! Lourd ? Marianeau, sage Marianeau, si tu étais franche, tu avouerais que tu crains de t’y habituer.

— Eh bien, oui. Je n’aime plus le froid simplement parce que je ne sais plus me lever tôt.

— Marianeau, nous te pervertirons… mais j’espère que tu retrouveras toute ta vertueuse vaillance quand il le faudra affronter ce cher marquis… déchaîné.

— Justement. Si un soir je devais me fâcher pour tout de bon, Michel ? Ni pour une couronne, encore moins pour une fortune, je ne céderais à un fou. Je ne l’aime que parce que je le crois sain, quoique violent.

— Oh ! tant que je serai là…

Et Michel acheva sa pensée en faisant claquer ses doigts comme, la nuit des fiançailles, Yves avait fait claquer les siens pour rappeler son médecin à l’ordre.