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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/194

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Et le docteur Duhat, avec un soupir de lassitude, se remit à cartonner.

Les deux Messieurs inconnus vinrent, le soir, après dîner et ce fut Henri Duhat qui les reçut en leur apprenant que son client avait constitué deux autres témoins. Cette affaire s’arrangerait sans doute, aux environs de Paris, à l’entière satisfaction de tout le monde. Un témoin essaya bien de démontrer que, depuis la guerre, le duel était mal porté et qu’il semblait antédiluvien de se mesurer pour des querelles purement individuelles, mais quelqu’un déclara, non sans raison, que la victoire générale ne suffisait pas à venger les injures particulières.

Pendant ce temps, Michel cherchait Mlle Lucette Gerval, qu’il ne découvrit pas et à laquelle il renonça, parce que les événements se chargèrent de lui prouver que les femmes, comme les nations, finissent toujours par adorer leurs bourreaux.

Marie Faneau attendait son frère pour aller rejoindre son fiancé et se mourait d’inquiétude. Le grand garçon si fort et si singulièrement insensible était alité, disait son dernier pneumatique, avec un peu de fièvre : « Voulez-vous, grande Amie, venir me voir ? Mon médecin,