Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Celle qui m’a piqué pour vous, cher ! lui jeta dédaigneusement Pontcroix en se soulevant pour baiser la main de Marie.

Il ne voulut pas en expliquer davantage, au moins lui-même.

Marie était navrée. Encore un mystère ! Le médecin consentit à la rassurer :

— En effet, une piqûre insignifiante, Mademoiselle. Ne vous alarmez pas. Le pauvre adversaire ne s’en tirera pas si bien, d’autant moins bien qu’il manque d’habitude.

D’un commun accord, Michel, qui espérait en savoir davantage et Henri, qui avait l’ordre de lui en dire un peu plus, passèrent dans le salon d’à-côté.

Marie avait une robe de printemps, un voile de soie bleu sur un satin plus clair, et un immense boa de plumes d’autruche de deux tons azurés l’entourait en faisant ressortir sa tête pâle de rousse sous un large chapeau de velours uni. Elle était toute septième ciel ! Ses yeux fleurissaient, derrière sa voilette de tulle, comme deux fleurs tendues vers la lumière. Elle osa s’asseoir sur le bord de la chaise-longue.

— Yves, murmura-t-elle, vous n’avez donc aucune pitié de votre amie, puisque vous la