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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/203

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L’auto les attendait devant l’hôtel pour les reconduire chez eux. Marie, en y montant, dit, tremblant encore :

— Est-ce que tu as appris la vérité, mon petit ?

Celui-ci s’écria, transporté :

— Ton fiancé est le plus chic type que je connaisse. Il est de toute évidence que c’est un détraqué, mais je le tiens pour un homme tout à fait gentil… je veux dire : un vrai gentilhomme. Il s’est battu parce que cet imbécile de Janou, le dessinateur, a prétendu, dans un salon, que j’avais des mœurs douteuses ! Des mœurs douteuses ! (Et Michel pouffa). Mais je n’ai jamais eu de mœurs du tout ! Ton fiancé me donne là une très bonne leçon de politesse et je ne m’occupe plus de sa vie privée. Ah ! Marianeau, c’est tout de même épatant de clouer la langue des gens avec une épée pour les faire taire ?

— Jusqu’au jour où l’autre vous cloue le cœur avec la sienne ! Je ne serai plus tranquille, maintenant. Il a raison, il faudrait fuir… le langage humain.

— Comme tu l’aimes !

— Michel, c’est malgré moi, c’est plus fort que moi… et que toi.