Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/210

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autre. Dis donc, Marie, faut-il que je m’occupe sérieusement de la tour au point de vue de l’atelier futur ou crois-tu qu’il t’empêchera de travailler ?

— De travailler, non. De gagner de l’argent, oui. Il permettra tout, pourvu que je ne fasse plus de portrait. Or, j’ai une envie folle d’étudier le paysage. Après tout, l’art n’a pas qu’une corde à son arc.

— Hum ! fit Michel. Lui n’a qu’une flèche au sien, mais elle pique terriblement ! Marie, je te fais mes adieux. Je crois, moi, que ce n’est pas la peine d’installer ma chambre là-bas ! Tu me mettras sûrement à la porte quand tu seras marquise.

Elle faillit se fâcher. Il la serra très fort en l’embrassant :

— Je ne peux pas vivre sans loi, Marie, tu le sais bien, et je sais aussi bien, que tu ne te passeras pas de mes sottises.

Plus ému qu’il ne voulait le paraître, car il ne se séparait jamais d’elle, il bondit comme un clown vers l’escalier et disparut dans le déhanchement de son fameux pas espagnol.

Marie songeait :

— On se demande quel est le plus fou des