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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/225

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dégantées, se convulsèrent de douleur ou de joie ; les fourrures secouées rendaient le sang qu’elles avaient bu ! Et l’aurore, qui pénétrait jusqu’à cet horrible amas de ferrailles, révélait le massacre, en faisant éclater la couleur vermeille, toute la pourpre du crime.

Le marquis, comme pris de folie furieuse, se jeta sur cette pourpre dont il fit son lit.

Le passant qui, du haut de la route, aperçut ces deux hommes, les crut morts tous les deux. L’un, petit, mince, étalé, face au ciel, les bras en croix, avait bien l’air d’un martyr. L’autre, plus grand, ne bougeait pas davantage, couché sur le ventre, le visage enfoui dans une mare de sang, évanoui ou dormant, tel un second cadavre.

Les secours furent très longs à organiser. Le plus proche hameau ne possédait ni poste, ni médecin. Des ouvriers, employés à une scierie voisine de la route, apportèrent des échelles et des cordes. On fabriqua deux brancards, et par un chemin plus facile quoique beaucoup plus détourné, on se rendit sur le lieu de l’accident, en amenant le garde champêtre de la localité.

On fut bien étonné, en pénétrant dans la clairière, d’y retrouver l’un des deux morts debout,