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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/238

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— Venez vite ! cria Marie ne sachant plus que décider.

Il entra, hocha le front, après avoir jugé la scène d’un coup d’œil, l’aspect fort calme d’un médecin qui prévoit tous les incidents au cours d’une maladie qu’il a longuement étudiée et qu’il estime représenter un cas intéressant unique, la véritable bonne fortune du clinicien sérieux. En dehors des cartes, Henri Duhat était un fort honnête garçon, ne se fiant pas au seul hasard pour corriger l’infortune de ses clients. Il aimait son métier et ne fuyait pas devant les plus lourdes responsabilités. Il venait de vivre dans l’intimité de cette belle jeune femme, amoureuse et triste, il aurait donné beaucoup, même la plus sûre des martingales, pour pouvoir la tirer de la boue sanglante où elle allait s’enliser. Cependant, il avait aussi conçu l’espoir de voir guérir son ami par un véritable mariage d’amour !

— Mademoiselle, chuchota-t-il en mettant un doigt sur ses lèvres, ne vous scandalisez pas. Je suis au regret de n’être pas monté plus tôt. Mon pauvre ami succombe à une succession d’émotions violentes qui ne valent rien pour son tempérament fiévreux. Il est très fort, c’est