Aller au contenu

Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ah ! s’écria-t-elle, lorsqu’elle fut chez elle, enfermée à double tour, qu’est-ce que c’est donc que cet homme ? Je veux bien y perdre la vie, mais je veux le savoir… et l’avoir.

Henri Duhat se promenait de long en large dans l’atelier, s’arrêtant de temps en temps pour admirer le très beau portrait de Michel Faneau par sa sœur qui l’avait pieusement installé sur un chevalet orné de roses.

Le marquis se réveilla brusquement de sa torpeur et rampa vers le divan où il s’accouda dans une pose nonchalante, les paupières closes. Il avait l’air d’un fumeur d’opium sortant de sa léthargie.

— Marie chérie, où êtes-vous ? Je ne vois plus le torrent de sang de vos cheveux !

Puis il ouvrit les yeux et s’aperçut de sa méprise.

— C’est vous, Henri ? Bon, je comprends. Vous avez bien fait de la renvoyer. Est-ce qu’elle est encore irritée contre moi ? Si elle ne veut plus de ce mariage, qu’elle le dise ! C’est fatigant de se soumettre à tous les caprices d’une femme comme il faut !

Il bâilla ; ses dents, très blanches, irrégulières comme celles des tigres, se mirent à grincer. Il