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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/249

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nouvelle épousée n’aspire pas au tête-à-tête conjugal ! Vous savez combien j’aimais votre ami et cela vous étonne ? Vous croyez au retour de ma faiblesse nerveuse devant ses étranges attitudes à mon égard ? J’ai beaucoup trop pleuré en effet. Je ne pleure plus. Si M. de Pontcroix m’a posé des conditions, que j’ai acceptées, je lui en pose à mon tour, et je vous charge de les lui transmettre. Il me veut, il m’aura… et je l’aurai aussi, soyez tranquille.

Pendant qu’elle lui parlait, le jeune médecin essayait de la voir, parce que son visage lui échappait complètement et qu’il se sentait très frappé par son accent.

Cette belle fille saine, robuste et superbement douée pour être une vraie femme était en train de lui donner l’impression d’une autre créature qu’il ne connaissait pas. Une mystérieuse exaspération la dressait subitement devant un obstacle. Elle faisait front et peut-être allait-on s’apercevoir que le grand fauve en rencontrait un aussi fort que lui.

Elle portait, ce matin-là, délaissant les trésors de la corbeille de noces, cette blouse noire qu’elle avait le jour où elle avait crié son amour au marquis de Pontcroix et elle paraissait toute