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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/261

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d’une pourpre sinistre, depuis les fleurs jusqu’aux meubles. Elle ne regardait plus ni les écrins, ni les toilettes. Elle vivait en dedans pour écouter une voix lointaine, lamentable, lui crier : « Au secours ! Il m’a tué ! »

Le mariage se fit très simplement et civilement, un matin, de très bonne heure, selon les formelles volonté de Marie Faneau. Il n’y eut que l’assistance réglementaire des témoins, ce qui scandalisa le maire lui-même à cause de la qualité des époux. Le deuil récent expliquait le manque de cérémonie, mais point qu’on lui eût interdit le discours en lui adressant dix mille francs pour les pauvres de l’arrondissement. Ces grands noms sont d’un sans-gêne qui frise l’impertinence.

Marie abandonnait momentanément son atelier (qu’elle gardait comme pied-à-terre permis par le marquis) à la brave Ermance, dont les larmes ne tarissaient plus.

Avant de monter en voiture, Mme de Pontcroix, furtive et toute tremblante, vint embrasser la pauvre femme, lui recommander sa chère petite Fanette, qu’elle lui laissait en attendant de leur faire signe à toutes les deux. Ah ! les reverrait-elles jamais ?