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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/42

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cherchait la carte en dépouillant les branches de leur papier transparent.

— Que c’est beau ! Quelle couleur et quel parfum dans ces fleurs orgueilleuses qui vont rendre l’âme en nous méprisant de les regarder mourir !

— De qui ? demanda Michel !

— Je ne trouve rien. Ça vient d’un magasin de la rue de la Paix. Pas de carte. On l’aura oubliée.

— Jamais dans ces maisons-là. Mais pourquoi diable un ruban noir ? C’est sinistre.

Ermance débarrassa un coin du piano crapaud qui, derrière un paravent de laque, jouait le monstre dans une caverne. On y posa les fleurs.

Ils achevèrent de dîner. Michel alluma une cigarette.

— Des roses rouges anonymes ! Un ruban de deuil ! Parbleu ! Ça coïncide avec l’annonce de la plaquette. Il y a au moins un mois que l’on a livré ton fameux portrait. Ma chère, c’est ton type. Je le parie. Il ne pouvait pas faire moins, je pense. Très chic ! Quant au ruban noir, il signifie qu’il a pris le deuil de toute espèce de prétention à te plaire…