Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/50

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Elle hésita, un peu fatiguée de le sentir si férocement égoïste, puis elle finit par se lever, car, d’une façon ou d’une autre, elle n’aurait pas eu la paix.

Elle tremblait, ressentant une impression de froid bizarre en se remémorant tout à coup l’aventure de la veille. Son frère avait-il fait quelques sottises irréparables ?

Calmant la petite Fanette d’une maternelle caresse, elle s’habilla, releva ses cheveux, ferma hermétiquement le haut de son peignoir et gagna la chambre de Michel qui était séparée de la sienne par un cabinet de toilette.

Cette chambre s’encombrait de bibelots inutiles, de gravures assez licencieuses et de vêtements d’homme abandonnés au hasard de l’endroit où ils n’auraient pas dû être. Il y brûlait un poêle à pétrole à flamme concentrée qui procurait une chaleur d’étuve en même temps qu’une odeur désagréable.

Marie Faneau fut suffoquée.

— Tu devrais ouvrir la fenêtre ! dit-elle. On étouffe ici, ce n’est pas sain.

Il n’avait pas encore enlevé son pardessus, qu’il mangeait, déjà, du bout de ses gants blancs, les beaux fruits de la corbeille du dîner,