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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/55

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et la fille est tombée à ses pieds en hurlant, le bras cassé net.

Marie Faneau s’était redressée, les yeux agrandis par l’horreur.

— Tu n’as rien bu, Michel, cette nuit ? dit-elle, la gorge contractée.

— Rien bu que ce Porto et rien mangé que ces biscuits, je te le jure ! Ça m’a coupé l’appétit, cette machine-là ! Mais, c’est pas fini. Il y a eu un tumulte à étouffer l’orchestre. Les femmes criaient : à l’assassin ! Les agents sont arrivés. On a voulu arrêter tout le monde. Il disait, et il fallait voir de quelle manière : « Qu’on me mette en présence du protecteur de cette dame, je réglerai la chose moi-même. » Quelqu’un lui a crié : « Vous n’êtes pas Français, monsieur ! » et il a riposté : « J’étais à Verdun quand vous restiez ici » ; ce qui, d’ailleurs, était exact. On a tous suivi, en chœur, pour l’accompagner au poste. Moi, en revenant, j’ai jeté mon bouton de rose au ruisseau… Il sait s’habiller, oui, mais quelle brute !

Marie Faneau rêva un instant, les yeux refermés.

— A-t-il vraiment cassé le bras de cette fille ?

— Pour ça, aucun doute, Marianeau. Main-