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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/58

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elle, dans sa misère momentanée d’artiste, par la réputation d’habileté qu’ils lui donnaient !

« Vous m’avez ressuscité mon fils ! » lui écrivait une provinciale éplorée, qui ne tenait plus au monde que par la vision de cette pâle effigie dont elle avait tiré, en la transfigurant, une sorte de saint auréolé de la seule gloire du martyre.

Et, cette fois, elle s’était trompée, en osant faire l’aumône de son talent à un personnage insolent, cruel, énigmatique, un grand seigneur ou un aventurier qui ne voulait rien lui devoir. Jamais son orgueil d’artiste n’avait été mis à mal de cette arrogante façon !

Elle reçut, de la maison Brès, la fameuse plaquette annoncée, illustrée de son dessin en première page. Un somptueux exemplaire de luxe sur japon impérial. Cela s’intitulait :

LES REVENANTS.

Elle n’avait guère le loisir de lire ce genre d’œuvres (car il lui aurait fallu fermer son atelier aux modèles, tellement elles étaient nombreuses), mais elle se jeta sur celle-ci et coupa fiévreusement ce livre, sans pitié pour les