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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/69

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un défi aux rivales, ou tout simplement une suprême coquetterie d’artiste ?

— C’est peut-être, monsieur, parce que je n’en possède pas…

— Alors, mademoiselle, murmura-t-il, en se penchant vers elle, de ce ton sourd, confidentiel, qui l’exaspérait, voulez-vous me permettre de vous en offrir ? Je n’aurais jamais osé vous en envoyer, et je pensais que… des fleurs seraient tellement une banalité ! Demain, prenons rendez-vous chez tel bijoutier qui vous conviendra et… vous choisirez.

Il la couvait de ses yeux fixes, un véritable regard de bête de proie, et, peu à peu, elle se sentait plongée dans une ombre, un silence émouvant où passait un souffle d’épouvante.

Elle était bien trop saine pour ne pas essayer de réagir immédiatement. Elle se raidit, songeant qu’elle venait de se tromper et que la peur d’un mal l’avait conduite dans un pire.

— Monsieur, Marie Faneau n’a pas l’habitude de ces hommages… équivoques. J’ai tellement peu envie de recevoir des bijoux que je vous demanderai de venir me voir demain pour me rendre un service : lancer, par-dessus un pont, des perles fines dans la Seine.