Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/84

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tant, en les serrant d’une manière intolérable. Elle essaya de les retirer et elle sentit que rien ne pouvait ouvrir cet étau, sinon l’unique volonté de celui qui la tenait. Malgré sa confiance en elle-même, elle se demanda s’il était prudent de sortir avec cet homme dont la brutalité n’avait pour borne que son caprice.

— Mais vous me faites mal, Monsieur ! dit-elle un peu honteuse de le lui avouer.

— Tant mieux ! Quand vous serez habituée à mes manières, vous n’aurez plus peur de moi. Je suis très violent… pas dans le mauvais sens du mot. Je suis incapable de vous offenser… à la manière des hommes ordinaires. Voyons, ne tremblez plus. Montrez-moi ces fameuses perles.

Il la lâcha et elle alla les chercher, heureuse de voir que son éducation l’emportait sur sa violence.

— Peuh ! fit-il en examinant le petit écrin rouge, quelle bagatelle ! Ne regrettez point leur sacrifice. Je souhaite qu’elles aillent jusqu’à la mer y retrouver leur famille, les huîtres. Celui qui vous a envoyé cela ne vous connaissait pas assez. Vous méritez mieux. Abandonnez-moi la boîte pour que je puisse m’enquérir de leur pro-