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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/87

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— Non, ce n’est pas mon fleuriste.

Il pressa sur un bouton pour allumer la lampe de voiture et recouvrit la jeune femme de la fourrure d’ours noir dans laquelle Fanette fit un joyeux plongeon.

… Et ils s’enfuirent, pourtant, comme des voleurs qui vont essayer d’effacer les traces de leur crime !…

Il riait de son rire sourd.

— Mademoiselle Marie Faneau, les femmes ne sont guère pour moi que des animaux jolis, encombrants, dociles ou indociles. Je ne peux pas les craindre, parce que je ne suis pas à leur merci. Oui, briser un bras de poupée ne me paraît pas très grave. Si j’osais vous exposer ma théorie, je suis sûr que vous la comprendriez aussi bien que vous avez compris… mon visage de guerre. Vous m’écoutez ? (Il remonta doucement la couverture sur Marie, parce que l’égoïste Fanette la tirait à elle d’une façon scandaleuse.) J’espère que vous êtes encore une jeune fille et, cependant, si vous étiez réellement une femme, vous vous expliqueriez mieux ce que vous devez savoir de moi. Je ne tiens pas à vous tromper. Je suis un monstre, paraît-il, moralement, et, physiquement, je suis