Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/123

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Et s’étant tassée de nouveau sur son siège de bois, elle entama courageusement ce chapitre :

La divine Providence, dans sa prévoyante sollicitude, veille sans cesse sur le genre humain ; tous les temps et tous les lieux éprouvent continuellement ses bienfaits, puisque le divin arbitre de toutes choses disperse en tous lieux, dans les champs confiés à la culture de l’église, des personnes qui, s’appliquant avec soin à y faire germer leur foi, font rendre au centuple les fruits du Christ, grâce à la température divine qui les réchauffe. La bienfaisance se répand tellement de tous côtés qu’elle ne refuse jamais ce qu’elle sait être utile au plus grand nombre, afin que le saint exemple de ces personnes produise, au jour du jugement, beaucoup d’élus à couronner. Ainsi, lorsqu’au berceau de la religion catholique, le germe de la vraie foi se répandit dans les Gaules, et lorsque les ineffables mystères de la sainte Trinité n’étaient encore connus que d’un petit nombre, la divine Providence, dans sa miséricorde, ne voulant pas gagner moins ici qu’elle n’obtenait dans le monde entier par les prédications des apôtres, daigna envoyer, pour éclairer ce pays, le bienheureux Martin, né d’une race étrangère. Quoiqu’il n’apparaisse pas au temps des apôtres, il ne manqua point de la grâce apostolique ; car s’il ne vint pas des premiers, il fut comblé des grâces du Seigneur ; et celui qui l’emporte en mérite ne perd rien à venir après les autres. Nous nous félicitons, très révérende fille, de voir revivre en vous, par la faveur divine, les exemples de cette dilection d’en haut : car, tandis que le