Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/242

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doute mis de longs jours — de ces jours ne formant pour elle qu’une éternelle nuit — et elle ressuscitait, sa tombe la rendant à la vie justement en une époque pluvieuse dont les brouillards avaient dissimulé sa fuite. Mais pourquoi les venait-elle trouver, eux, les parias en dehors de toute société ?…

Elle ne parlait que par lambeaux de phrases d’église ; pourtant elle entendait juste et répondait à peu près dans leur sens. Ils apprirent assez vite son étrange langage de sybille, devinant ce qu’elle taisait par peur des traîtres ou simplement parce qu’elle était folle et ils surent enfin qu’elle cherchait Chrodielde.

Elle cherchait Chrodielde qui devait revenir avec Basine de leur longue tournée chez les évêques et les rois. « Craignant de ne pas avoir de bois pour l’hiver », les nonnes se dispersaient, les unes dans leur famille, les autres dans le mariage et ne voyant pas se réunir en leur honneur les juges suprêmes qu’elles avaient été implorer à Tours, les princesses allaient rentrer à Poitiers pour y tomber probablement dans la pire des geôles, quelques prisons semblables au logis du squelette vivant de l’emmurée.

Cette recluse, d’ouïe fine, comme tous les ani-