Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/251

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tu n’as pas menti ? On nous fera justice ou nous nous battrons !

Harog et sa chienne la contemplaient avec le même air de tendre étonnement. Elle ajouta :

— C’est une belle bête que tu as là ! Est-ce possible que j’aie pu la tenir en mon giron ?

Elle s’intéressait certainement plus au chien qu’à son maître.

Harog soupira :

— Elle t’aime comme je t’aime et te servira comme je te servirai.

La bizarre princesse eut un sourire de dédain.

— Je récompenserai ta chienne par mes caresses, Harog.

Il leva les cils, douloureusement blessé.

— Faut-il que je regrette de n’être pas un chien, Basine ?

Elle posa ses yeux clairs sur ses yeux sombres. Il lui sembla que, dans ces belles clartés vertes, il ne rencontrait que l’ombre des siens, une nuit subite, inexplicable.

— Où sont donc tes chevaux et tes hommes d’armes ? demanda Basine, anxieuse.

— Tu doutes de moi ?

Elle n’osa pas lui répondre qu’il lui tardait d’être au milieu d’une foule.