Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/309

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n’est pas un homme… c’est… c’est un eunuque !

Elle se retira au milieu d’un silence réprobateur, très offensée de ce que Childéric ne prenait pas son parti dans cette affaire intime.

— Tu sais maintenant qu’il faut lui prouver le contraire, grommela tranquillement le Saxon, se drapant de sa peau d’ours pour s’étendre, désirant cuver son vin. Bonne nuit, Harog, moi j’en ai assez de faire le berger en veillant sur de pareilles brebis !

Harog hésitait. Cracherait-il son mépris au visage de cette louve en chaleur, ou irait-il lui trousser sa robe comme à Saffarius, évêque de Périgueux, pour la fouetter publiquement ? Il contemplait la mine singulière de Basine. Qui savait si cette mystérieuse créature ne pensait point de même. Étaient-ils tous les deux irrémédiablement ensorcelés ?

Se rendant au festin servi en l’honneur de leur succès, il se disait que plus la lumière se faisait sur leurs actes, plus l’ombre de l’église, l’ombre de la Pierre, semblait s’épaissir autour d’eux, leur glaçait le corps après chaque victoire échauffant davantage leurs esprits.

Ils étaient maudits. Ils seraient damnés. À quoi bon tant de vertu, puisque toujours les folies charnelles reparaissent, remontent du fond des imaginations les plus superstitieuses… comme du fond