Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/314

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bement, portaient l’épée, comme à présent presque tous les serviteurs des princesses victorieuses.

On se trouvait en pleine campagne, car la ville de Poitiers, terrorisée par les bandits vainqueurs des évêques, les laissait aller et venir librement. C’étaient des chevauchées bruyantes, des cliquetis d’armes à faire penser qu’on revenait au bon temps des sacs de Chilpéric ! Il ne se passait pas de jour qu’on n’envahît le domaine de Leubovère et, qui que ce fût des gens appartenant au monastère qu’on pût saisir, on les accablait de coups, de mauvais traitements de toute sorte pour en tirer rançon, les menaçant même, de la part de Chrodielde, de les pendre tous le jour où elle forcerait l’abbaye et précipiterait certainement l’abbesse du haut des murs.

Soriel souriait d’un air de mépris :

— Je ne pense pas que vous montiez jusque-là ! répondit-elle à l’habituelle menace.

Childéric-le-Saxon examinait cette créature d’épaules robustes, de visage dur, aux yeux qui ne se baissaient point devant de redoutables guerroyeurs.

— Alors, fit Brodulphe, étonné de ne pas produire une rougeur pudique sur la face de l’esclave, tu n’as pas envie de tâter de ces beaux garçons qui chantent la messe à la basilique. Ce sont tous des coqs de ma taille, je t’en préviens.