Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/355

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talait déjà raide, ses cheveux de Gaulois roux flambant de toutes leurs belles rutilances d’or aux reflets de ce phare allumé par les pillards.

Le couteau d’Harog avait pénétré au milieu de ses épaules y traçant une lézarde rouge qui saignait peu, son sang coulant à l’intérieur pour le mieux étouffer. Il était mort, en plein sacrilège, sa lourde épée dressée sur la tête d’une innocente abbesse, infirme. De celle-là même dont il disait :

— A og ! C’est une femme ! Elle est avare, mais brave !… Quand il en parlait jadis à ses compagnons de liberté au centre des bois où les hommes cruels sont plus près de la nature et reconnaissent à leurs ennemis le droit de rester les plus forts.

Il était mort… et bien damné, si la damnation n’était pas faite pour les chiens… tué par Harog, lui qui avait répondu à la fille de Chilpéric traitant un jour ce berger-sorcier d’aveugle :

— Harog ? Il y voit mieux la nuit qu’oiseau de proie !

Il était mort… à la place de Boson-le-Boucher !

… Baos ! Faos ! Ouros ! Néréus ! Gerbaud ! Gombaud ! Méréra… Où êtes-vous, bêtes fidèles et clairvoyantes ! Pauvres animaux dévoués qu’on a détournés de la voie du loup afin de leur faire chas-