Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/366

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attendent leurs chefs pour le partage du butin et ne les voient pas venir.

Chrodielde, en présence de ce monceau d’objets entassés d’où s’échappaient des éclairs d’orfèvrerie, piaffait, cavale impatiente. Elle avait déjà envoyé des esclaves à la recherche d’Harog et de Ragna. Mais on lui déclarait qu’ils demeuraient introuvables, que la porte de la maison romaine, solidement verrouillée, gardait son mystère.

Boson-le-Boucher et Childéric-le-Saxon grognaient, tels deux ours, derrière la louve qui écumait de fureur. Allait-on perdre le gain de cette nuit de pillage par un revirement d’opinion d’Harog ? Ou, Ragna, maître du monastère, avait-il la prétention de l’occuper militairement après ne pas avoir tenu sa promesse ! Quant à Basine, elle se souciait moins de sa fugue. Basine devenait jalouse et insupportable par ses perpétuelles récriminations au sujet du commandement de leur armée. Sûrement Marovée, prévenu du coup de force, préviendrait à son tour le comte de Poitiers et l’on cernerait la basilique, le siège en serait tenté dans l’absence des deux chefs principaux.

Brodulphe-l’Adultère ricanait :

— Que de bruit pour deux bergers ! Il y aura plus de butin à se partager entre les brebis, s’ils ne ren-