Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/368

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reconnaître Boson-le-Boucher, je lui ai enfoncé mon couteau entre les deux épaules. Il est tombé n’ayant pas le temps de formuler un acte de contrition. Son sang crie vengeance contre moi. Je viens ici désarmé prêt au supplice qu’il vous plaira de m’infliger. Seulement il est une chose qui doit se savoir avant ma fin. Ô hommes des ténèbres, écoutez-moi ! La lumière de Dieu vient derrière mon crime plus irrésistible que celle de ce jour de réparation. J’ai vu que nous marchions dans un mauvais chemin et je vous engage à ne pas y persévérer. Ce butin n’est rien en comparaison des trésors de la maison de Radegunde. Ramenez-y mon corps après son juste supplice pour qu’il y retrouve, avec vous tous, la douceur des colombes de la paix…

Les mendiants, remués par une idée de piété pas encore éteinte en eux, le souvenir des eulogies peut-être, furent soudainement touchés de ses paroles fiévreuses.

Qu’avait-il vu, cet illuminé, cet homme d’ordinaire très sombre, pour transparaître ainsi, le front et les prunelles dardant la foi ? Et les criminels songèrent, inquiets, que la maison de Radegunde était probablement gardée par les soldats de Maccon envoyant leur otage, ce fou qui regrettait son rival, de les avoir débarrassés de Ragna, eux,