Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/370

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d’une constante justice et de quelques guérisons tenant du sortilège. N’avait-il pas fermé des plaies que l’on disait incurables ? Et, s’il s’en allait d’eux, le sorcier, où serait l’équité du partage de leur butin ! De plus, chacun pensait qu’il devait se sentir protégé pour oser braver Chrodielde un jour de victoire décisive.

— Où est Basine ? questionna celle-ci âprement, ne baissant pas les yeux, sans aucune révolte de pudeur devant cette assemblée hostile.

— Sous la protection de sa sainte abbesse ressuscitée, fit paisiblement Harog, ne se doutant pas que son langage mystique serait pris au pied de la lettre.

Il y eut un désordre dans les rangs de l’armée des mendiants ; l’Aveugle-né à leur tête se précipita du côté d’Harog.

— Que loué soit Dieu de ce prodige ! Nous te suivrons ! Honneur au chef dont le repentir visible nous vaudra notre pardon. Nous te supplions de nous conduire, berger.

Presque aussitôt les nonnes de Leubovère firent irruption, venant des cloîtres. Elles tendaient les bras, traînant les chiens à leurs jupes.

— Miséricorde ! Ne nous laisse point dans les ténèbres extérieures, car notre recluse est morte,