Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/236

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qui brisent la confiance dans la joie de vivre et m’épargne l’amertume qui suit les étreintes sans volupté. Je plains les pauvres diables des deux sexes qui courent les garçonnières à la recherche d’un bonheur qu’ils croient trouver dans le spasme du désir, relevé par des bas de soie, des chemises et des lumières adroites et qui ressemble autant à l’amour que Mlle Spinelli à l’Ave Maria de Gounod. Jamais la volupté ne couronnera les efforts de ces carnivores énervés par deux heures d’exercices sexuels qu’on appelle communément shimmy ou fox-trott et qui sont l’image affreuse de la grossièreté et de l’impuissance du siècle. Je méprise ces bâtards de l’amour, mâles et femelles, dont la vision des accouplements crispés et stériles me permet de vaincre le premier frisson d’envie que me donne toute femme agréable.

Je connais, autant que les autres, cette minute de désir, éphémère et subalterne chez moi, impérieuse et durable chez la plupart de mes