Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

riés, ce n’est pas naturel. On se marie pour la postérité, le repeuplement de la France, madame Caroline ? Si le torrent impétueux de la civilisation entraîne des ménages légitimes dans une existence coupable, immorale, nous, les gardiens de la véritable hygiène, nous sommes là pour remettre l’ordre par de sages mesures. Je ne connais qu’un but à l’amour et l’entends ramener vers ce but tous nos délinquants. Madame Bartau, je vous propose, à présent, les grands moyens.

— Qu’appelez-vous les grands moyens, monsieur Rampon ?

— Menacer la Jeune personne d’une visite domiciliaire ?

— Domiciliaire ?

— Oui, c’est-à-dire un petit examen de l’état des lieux. Cela fera réfléchir le mari, je vous en réponds.

— En effet, docteur, si le mari veut bien ; car du train où vont les choses, je n’espère plus aucun acte raisonnable de la part de mon fils.

On entendit discuter dans la cour ; Louis rentrait avec son beau-père. Ils étaient très montés tous les deux. Tranet essayait d’expliquer à son gendre l’utilité du ciel de lit lumineux.

— Est-ce qu’on a besoin d’y voir la nuit ? disait Louis en riant.

— Farceur ! quand on a une Jolie maîtresse, Je te crois ! répondait Tranet qui s’avançait, la cravate dénouée, le gilet ouvert.

Mme Bartau frémit d’horreur. Le docteur Rampon eut un haut-le-corps.

— Quelle singulière éducation ! murmura le brave médecin, reprenant son chapeau.